Artiste, potier et sculpteur idéaliste, je (ré)explore des questions propres à la céramique et au verre.

En premier lieu je choisis de contraindre mon travail par l’usage d’un maximum de matières premières non-industrielles. Ces dernières sont glanées à même le sol, récoltées dans les poubelles ou achetées à des fournisseurs locaux. Chaque matière première concrétise mon économie de moyens et/ou joue un rôle crucial dans mes questionnements. Quelles relations existe-t-il entre la céramique et le sol ? Quel lien reste-t-il entre l’objet, la matière qui le constitue et le paysage dont il est issu ?

Je remarque ensuite le double emploi des lieux d’extractions miniers : extraire de la matière, puis enfouir des « déchets »*. Touché par cette deuxième problématique, je crée des objets désertés, oubliés, orphelins. Ils ont parfois perdu leur fonction, leur contexte d’usage ou leur capacité première. Ces altérations produisent des énigmes.

Pourtant mon travail est concret ; il s’emploie à faire. L’usage des matières premières brutes m’amène à fabriquer mes propres outils-machines. Je recherche mes revêtements et mes pâtes. J’explore des solutions techniques diverses. En ce sens, mon travail s’apparente à celui d’un potier. Concerné par ce métier, je donne une grande importance à son acte premier : toucher, palper, pincer, prendre, saisir l’argile. Mes pièces en céramique ou en verre sont aussi empreintes de cette impulsion initiale.


*Certaines pratiques d’enfouissement des déchets ou de décharges à ciel ouvert sont (et ont été) pratiquées dans les anciens lieux d’extractions tels que les mines et carrières